Dossier spécial : Hélène et les Garçons

Dans le gigantesque vivier des séries AB production, la plus connue est sans aucun doute "Hélène et les Garçons".
Pourtant, elle n'a été produite que 2 ans, de 1992 à 1994 contrairement à Salut les Musclés (5 ans) et Premiers Baisers (4 ans).
Alors, pourquoi cette série a marqué son époque ?
Pourquoi tout le monde se souvient de Cricri d'amour drogué ? Pourquoi Hélène était elle la star de toutes les filles de notre génération ? Qui était cette bande de jeunes aux cheveux longs n'ayant jamais cours et dont la principale préoccupation était le batifolage ?




Ce dossier spécial va vous faire replonger dans une partie si pénible de votre inconscient et de vos souvenirs que vous n'en ressortirez pas indemne.
Sachez tout de même que pour écrire ce dossier, cela fait trois semaines que je vis reclus comme un ermite, non rasé et non lavé, en enchaînant les épisodes, en les décortiquant pour en extraire les photos les plus tordantes et les extraits vidéos les plus surprenants.
Vous découvrirez également comment se termine la série, puisque la fin a été purement et simplement censurée par TF1 durant sa diffusion, et pour cause...
Une partie de ma santé mentale s'est éteinte à tout jamais, cela en valait-il le coup ? Je l'espère !


Le synopsis :

Hélène et les garçons est une série de 280 épisodes centrée sur le personne d'Hélène Girard, grande sœur de Justine de Premiers Baisers et donc nièce de Framboiser de Salut les Musclés, excusez du peu !


Hélène est étudiante en sociologie à l'université Paris XIV. Très vite elle rencontre des amies, plus ou moins sympas, puis des garçons plus ou moins sympas, le tout formant une bande plus ou moins sympa ou des péripéties plus ou moins sympas se succèdent sans la moindre logique, laissant le spectateur coi et stupéfait mais il faut bien l'avouer, souvent curieux de connaitre la suite.

Les Personnages :



Hélène :





Hélène est l'archétype du personnage bon et pur. Elle est douce, compréhensive, de bons conseils et elle a en plus ce soupçon de naïveté qui met en avant ses qualités.
Elle ne juge pas les gens, elle garde les secrets pour elle et sert généralement de caution morale à toute la bande.
Quand une situation dégénère, Hélène est là pour recadrer tout le monde avec un discours mélangeant justice et fermeté, c'est un peu le Monsieur Drumond ou le Jiminy Cricket de la série.
Elle est également très amoureuse de Nicolas qui est le leader incontesté des garçons.


Nicolas :




Il est au groupe des garçons, ce qu'Hélène est au groupe des filles : un leader, un repère, un "grand frère".
Dans la plupart des scènes de pugilat (et elles sont nombreuses), il réagit de deux manières : soit il taille ses malheureux compères en les couvant d'un œil aussi bienveillant que moqueur, soit, quand la situation dégénère au delà du tolérable, il n'hésite pas à faire parler son physique dissuasif pour apaiser les tensions.
Comme il le dit lui même :" il vient de l'école de la rue, la meilleure".
Il est accessoirement étudiant en lettres, et guitariste dans le fameux groupe de Rock.

Etienne :




Pas grand chose à en dire. Hormis sa voix de puceau, il était relativement insignifiant jusqu'à son départ définitif de la série durant l'épisode 68 où il décide de partir vivre avec une Finlandaise.
A acteur low cost, carrière low cost, puisque notre talentueux jeune homme est aujourd'hui visible dans la pub de la Dacia Duster.
Encore un peu de courage, le césar n'est plus très loin.

Cathy :




Pas grand chose à dire non plus sur cette petite brune pétillante si ce n'est qu'on dirait une personnification des années 90 : de la tenue vestimentaire à la coupe de cheveux en passant par le prénom.
Elle quitte aussi prématurément la série durant l'épisode 70, où abattue par sa séparation d'avec Etienne, elle prend la lourde décision de repartir dans ses pénates à Toulouse.

Laly :




Etudiante en beaux arts, cette jeune fille d'origine brésilienne est venue en renfort pour combler le vide sidéral causé par le départ de Cathy.
Le personnage de Laly est horripilant, c'est une vraie peste qui passe la plupart du temps à se plaindre de tout. Quand elle ne se plaint pas, elle râle, et quand elle ne râle pas elle crie. Il faut bien reconnaître que le personnage de Laly est peu aidé par son interpréte qui joue mal, voir très mal.
Elle est en couple avec Sébastien.

Sébastien :




Il arrive dans la série à partir de l'épisode 69, soit l'épisode suivant le départ d'Etienne.
Son talent et son aisance hors normes le font aussitôt devenir un membre permanent de la bande et le nouveau bassiste du groupe de Rock.
Il se met rapidement en couple avec Laly dont il deviendra le gentil toutou, le grand dadais toujours docile qui se fera mener par le bout du nez.
Dans le jargon populaire, Sébastien, malgré ses airs de grand gaillard beau gosse, est ce qu'on pourrait appeler une "demi-molle."
Généralement il n'a qu'un mot à la bouche : "Laly, où est Laly ?", puis quand sa belle arrive, il enchaîne avec sa deuxième réplique phare "Laly, on se fait un bisou ?".
Difficile aussi de ne pas évoquer l'acteur qui est assez déconcertant. Je vous laisserai juger sur les extraits vidéos proposés plus tard.

Johanna :




Ouragan venu du Texas, Johanna c'est la touche d'exotisme de la série.
Son idylle avec "Cricri d'amour" prononcé avec un accent américain à couper au couteau est encore dans toutes les mémoires.
C'est un garçon manqué, dont la franchise, et la bonne humeur sont souvent la source des moments humoristiques. Chacune de ses répliques est généralement ponctuée par les célèbres "rires en boite".

Christian :





Alias "Cricri d'amour", il est le batteur du groupe de Rock. Il est râleur, ronchon et critique tout.
C'est LE personnage underground de la série.
Premièrement, il n'est pas très fidèle et ne respecte pas beaucoup sa promise Johanna, ce qui dans le monde d'Hélène et les garçons est déjà une grave transgression du code moral.
Il tombe également progressivement dans tous les excès : alcool, baston, agression sexuelle et drogue.



Les trois épisodes où il se drogue ont marqué une partie de notre génération.
Le recul aidant, il me semble que le talentueux scénariste JL.Azoulay, a voulu faire de  Johanna et Cricri, un vibrant hommage au couple sulfureux Serge Gainsbourg / Jane Birkin.

Bénédicte :




"Béné" pour les intimes pourrait a priori n'être considérée que comme une vulgaire sous-Hélène, moins douce et moins gentille, mais ce personnage plutôt insignifiant va se servir de José, son binôme, pour jouer le rôle de la cocue magnifique.
Le running gag étant que Béné arrive toujours pleine de vie et enjouée dans un endroit, trouve José entrain de fricoter avec une autre puis part subitement la bile aux lèvres, en pestant contre lui.

José :




C'est le comique de la bande. Véritable épicurien, il rigole tout le temps et va butiner où son regard se pose.
Avec son look de séducteur, ses victimes se comptent par centaines.
Dans l'esprit du scénariste fou qui a crée cette série, José représente tellement le play-boy de l'époque des Valseuses, que même Hélène a failli tomber dans ses filets durant les deux premiers épisodes.
Afin de compléter le tableau, José s'est fait sa place dans le groupe de Rock en magnifiant le synthé.


Les méchants :


Nathalie :




Rivale d'Hélène, c'est la méchante de la série comme l'indiquent ses traits de visage tirés et son air pincé (comme Julie dans Premiers Baisers). Quand elle entre en scène, le plus souvent de manière rapide et violente, elle instaure de suite un climat de tension et de peur très années 40 - 45.
Elle n'hésite pas à manipuler son monde en dénonçant l'infidélité cachée d'un protagoniste ou monter deux amis l'un contre l'autre.

Nathalie, c'est finalement Nicolas qui en parle le mieux




Thomas Fava :




Producteur sans scrupule qui veut absolument exploiter le talent vocal d'Hélène, il incarne la mafia des requins capitalistes et véreux qui sévissent dans le monde artistique parisien.
Hautain et dédaigneux c'est comme si il portait sur son front une pancarte "je suis un méchant".
Thomas Fava est le seul personnage à se faire appeler par son prénom et son nom, ce qui ne trompe pas le spectateur averti.


Le chef de Gang / violeur :



Comme son look l'indique, c'est le chef rival d'un groupe concurrent à celui des garçons. Sa fourberie n'a aucune limite.
Il ira même jusqu'à (presque) violer une fille, l'innocente Taxi (oui c'est bien son prénom), ce qui sera la base d'une émeute urbaine inimaginable dont nous reparlerons plus tard.

Les seconds couteaux :

Linda :



Arrivée lors de l'épisode 69 au bras de Sébastien, Linda fait encore partie de la vague d'immigration anglo-saxonne que dénonce le scénariste.
Linda est en effet australienne, comme en témoigne son accent. Si celui de Johanna était à couper au couteau, celui de Linda est presque surnaturel.
Aussi surprenant que cela puisse paraître  Linda est censée être mannequin et donc beaucoup voyager. Généralement elle se pointe l'espace de quelques épisodes, pour jouer un rôle de tentatrice auprès d'un garçon et repart peu après dans l'indifférence générale.

Adeline :




Cousine de Christian, muse de José, remplaçante de Johanna dans la chambre des filles, l'arrivée d'Adeline ne passe pas inaperçue.
Dans les cours de recrée non plus d'ailleurs, où de nombreux New look avec ses photos nues circulaient sous les manteaux, pour le plus grand bonheur des ados.
Son rôle dans la série est comme le talent de son actrice : totalement inexistant.

Christophe :



Dans la série rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme, je vous présente Christophe.
Christophe remplace progressivement Christian (ça ne s'invente pas).
Par chance, il est batteur.
Comme il ne servait absolument à rien et que son physique ingrat ne lui permettait pas d'envisager une relation de couple, les scénaristes lui ont presque arrangé par pitié une relation avec Adeline.

Olivier :



Olivier arrive un peu comme un cheveu dans la soupe à partir de l'épisode 193.
Malgré un physique de tombeur, Olivier ne s'imposera jamais en tant que taulier et demeurera dans l'ombre des vieux de la veille comme Nicolas ou José.
La rumeur populaire voudrait que le sémillant scénariste M.Azoulay se moquait tellement de son insignifiant personnage qu'Olivier tournait avec ses vrais fringues.
Aucun charisme + aucun talent = aucune carrière.

Les Lieux de Vie :

- La cafèt

Si dans l'histoire de la télévision, un décor a été rentabilisé, c'est bien celui là.
C'est simple, chez Alfredo on bosse H24 : on y sert le ptit dèj, le repas, le souper et bien entendu on fait aussi bar pendant la journée.
C'est le lieu où la meute vient se ravitailler entre deux activités. Car c'est bien connu quand on est étudiant, on peut financièrement se permettre de prendre tous ses repas à l'extérieur.
La cafèt est aussi le lieu de toutes les rencontres surprises, puisque dans Hélène et les garçons, quand on veut passer inaperçu pour une relation discrète, ou confesser un secret, on se place toujours à la table centrale, juste en face de la porte d'entrée.



Un paradis pour réviser autour d'un bon ptit jus d'orange




Oh mince, comment nous ont il repéré ? On était pourtant si discret !


- Le Garage :



Pour le commun des mortels, un garage est un endroit généralement gris, austère et peu agréable où l'on gare son véhicule.
Dans Hélène et les garçons, que nenni ! C'est une pièce confortable avec un flipper, tout un orchestre ainsi que tout le confort moderne, sans oublier la cage du pauvre Texas.
Les scènes qui s'y déroulent sont scriptées au possible :
- Les garçons se la pètent à mort en envoyant du son
- Les filles écoutent et attendent religieusement
- Nos amis musiciens qui n'arrivent même pas à mimer deux accords arrêtent souvent leur "répète" par une petite réflexion marrante, du type "José t'avais l'esprit ailleurs parce que tu n'as pas très bien joué"
- Rires en boite à n'en plus finir
- Le tout enchaîné avec un rituel étrange : tous les couples vont s'embrasser les uns après les autres.




Voici en bonus track, la plus longue séquence musicale que j'ai pu trouver lors de mes visionnages.
Une mélodie Bontempi accompagnée de têtes insupportables.


La Salle de Sport :


Si vous vous demandez à quoi peut bien ressembler un gymnase dans une université, imaginez exactement le contraire de ce que vous pouvez voir dans la série.
Deux vélos d'appartement pour des milliers d'étudiants, un unique et chétif punching ball, deux tapis de sol et c'est à peu près tout.
De toute façon, ce maigre matériel n'est jamais utilisé par les autres étudiants qui doivent être encore plus flemmards que Hélène et sa bande de bras cassés.


Les filles en plein débat pour savoir qui est la plus mal habillé
La salle de sport reste tout de même un moment incontournable de l'intrigue où les protagonistes arrivent avec les meilleures intentions du monde mais où fainéantise oblige, le sport tombe finalement très vite aux oubliettes. En réalité, il ne s'agit que d'un pâle substitut de cafet où filles et garçons se retrouvent pour papoter et surtout se bisouiller.
Il faut rajouter un mot sur les tenues "sportives" des filles qui s'apparentent plus à un défilé pour l'élection de Dame Ginette qu'à une séquence de sport.
Le pompon revenant sans aucun doute à Bénédicte dont le collant violet surmonté d'un maillot de bain une pièce défie l'imagination.  


La Chambre des Garçons :



Comme le monde d'Hélène et les garçons est bien fait, les trois principaux garçons partagent la même chambre universitaire.
Trois lits, une salle de bain, et toute la technologie de pointe de l'époque sont à leur disposition : téléphone filaire et minitel.
La chambre des garçons est assez peu exploitée dans l'intrigue au contraire de celle des filles.

La Chambre des Filles :



Environ un épisode sur deux commence dans la chambre des filles avec un gag récurrent sur le temps d'utilisation de la salle de bain par Laly.
C'est le lieu où les filles commentent l'actualité dans ce que l'on pourrait nommer "on refait la cafèt".

L'Université Paris XIV :



C'est vrai qu'on aurait tendance à l'oublier mais tous nos personnages sont étudiants... 
Enfin en théorie, parce que le stress des partiels ou le stress du nombre de places disponibles en cours, ils ne connaissent pas.
Dans Hélène et les garçons la fac est un endroit idyllique où l'on cultive son âme en devisant sur la vie, où l'on ne va pas trop en cours, où l'on ne parle jamais du monde de l'entreprise et qui est un lieu uniquement fait pour rencontrer des personnes du sexe opposé.
Et après, on s'étonne que les offres d'emploi dans le BTP ne soient pas pourvues.
Il n'aurait plus manqué qu'un T-shirt de l'UNEF à Nicolas pour boucler la boucle.


La structure d'un épisode :

Voici un schéma que vous pouvez appliquer dans plus de la moitié des épisodes :

- L'épisode s'ouvre dans la chambre des filles où Laly monopolise la salle de bain
- Une visiteuse frappe à la porte (le plus souvent Bénédicte) et déballe une anecdote croustillante et lance ainsi l'intrigue de l'épisode ("hé les filles, vous saviez que X fréquente Y") 
Hélène n'y croit pas et lance un appel au calme qui ne sera pas entendu.
- Les filles se mettent en ordre de marche pour la cafèt avec la ferme intention d'en découdre avec le malheureux garçon en cause et pour découvrir toute la vérité
- Pendant ce temps les garçons répètent au garage, une fois l'unique morceau joué, ils se mettent eux aussi en marche pour la cafèt pour retrouver leurs belles. Sébastien est impatient de retrouver Laly.
- Une fois tout le petit monde installé autour d'un bon jus d'orange, le sujet du jour est déballé plus ou moins subtilement 
- Tout le monde s'emballe, le verbe se fait haut, les portes claquent, les têtes stupéfaites s’enchaînent
- Quelques minutes sur les vélos de la salle de sport plus tard et tout le monde se rend compte qu'en fait c'était un malentendu lancé par la terrible Nathalie et que l'amour et l'amitié au sein du groupe ne saurait être remis en cause.
- Tout le monde monde pardonne à tout le monde pour revivre quasiment la même situation l'épisode suivant.


La fin sanglante d'une épopée :

Il est maintenant temps de parler de la fin d'Hélène et les garçons.
Le chef du gang rival et ses acolytes sont cette fois allés trop loin. 
Après avoir violenté Taxi, un second rôle, les garçons remontés comme des pendules ont une réaction inattendue.
Au lieu de contacter la police pour régler cette affaire et poursuivre les malfrats en justice, ils décident de mener une expédition punitive munis d'un véritable arsenal de guerre : battes de baseball, poing américain, et même nunchaku.
Un final surréaliste, inattendu, qui n'est pas sans rappeler un certain France / All Black.




Un black muni d'un béret, lunettes de soleil jaunes, bracelet à pointes et banane... pas de doute, il s'agit bien d'un méchant !

Voici donc le dénouement d'Hélène et les garçons, légèrement remasterisé pour l'occasion, où quand la violence rencontre la mise en scène à la John Woo, où quand la lutte du bien contre le mal atteint son point culminant.






Conclusion :

"Arrête José, ce sont tes amis"
"Mais Hélène, ce sont eux qui ont commencé !"

Quand j'essaie de synthétiser ce qu'il faut retirer de la série, je suis hanté par cette réplique.
Et si finalement il ne fallait pas chercher plus loin ?

Toutefois, comment expliquer le succès considérable de cette série ? Peut être parce qu'elle représente une certaine utopie du monde où l'on ne fait que dormir, manger, s'amuser avec ses amis et embrasser des (jolies) filles ?
Et si le but masqué de cette série n'était pas de soulever une révolution contre le dictât du "métro / boulot / dodo" ?
Et si Jean Luc Azoulay était tout simplement fou ?















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